Les adversaires de l’initiative doivent s’en vouloir. En fait, ils ne sont pas passés très loin de la victoire alors qu’ils n’y ont pas vraiment cru. A commencer par Karin Keller-Sutter, la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP). Placée dans une situation rarissime dans la mesure où elle était engagée sur deux fronts, la conseillère fédérale s’est davantage mobilisée sur l’identité électronique que sur la burqa, même si elle s’en défend.
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«L’acceptation de l’initiative ne changera pas le destin de la Suisse et du monde», avait-elle lâché en lançant sa campagne en faveur d’un contre-projet dont personne n’a compris la teneur. On ne peut que lui donner raison. Mais quoiqu’on pense de l’initiative, il faut se réjouir du fait que la campagne, contrairement à ce qui s’était produit lors du débat de 2009 sur les minarets, est restée digne et respectueuse alors qu’on craignait beaucoup qu’elle ne dérape. Mieux: plusieurs personnalités de la communauté musulmane, qu’elles soient pour ou contre l’initiative, y ont participé alors qu’elles s’étaient tues à l’époque. Elles ont ainsi montré qu’elles avaient la volonté de prendre la parole et de s’intégrer. Plus que le résultat, qui ne concerne qu’une trentaine de personnes, c’est cela le principal enseignement de cette campagne.